Il y a trente ans disparaissait "Big" Walter "Shakey" Horton

Calme, timide, introverti: ces adjectifs qualifient d'habitude la personnalité de Walter Horton qui, paradoxalement, fut l'un des plus grands architectes de l'harmonica blues, à l'égal de Little Walter Jacobs ou des deux Sonny Boy Williamson. Le bassiste Willie Dixon, qui fut son ami de trente ans, a dit de lui qu'il était "le plus grand harmoniciste à jamais avoir vécu sur Terre". Souvent cantonné dans des rôles de "sideman", c'est probablement lui qui, le premier, eut l'idée de jouer de notre instrument au travers d'un amplificateur de guitare. Son timbre, riche, puissant et profond, n'a jamais été égalé, même trente ans après sa disparition d'une crise cardiaque.


"Big" Walter "Shakey" Horton
(6 avril 1917 - 8 décembre 1981)

Ses enregistrements: entre 1931 et 1980, Walter Horton a enregistré pour les labels Modern, Sun, United, Cobra, Chess, Testament, Delta, Magnolia, Alligator et Blind Pig.

Ses complices:  Little Buddy Doyle, Sunnyland Slim, Otis Spann, Eddie Taylor, Johnny Littlejohn, Hound Dog Taylor, Wild Child Butler, Willie Dixon, Johnny Shines, Johnny Young, Muddy Waters, Jimmy Rogers, J.B. Lenoir, Robert Nighthawk, Homesick James, Delsey McKay, John Nicholas et Jimmy DeBerry

Ses morceaux de référence: “Easy", aujourd'hui considérée comme une pièce incontournable, a été repris de Ivory Joe Hunter ("I almost lost my mind"); “Walter’s Boogie”, autre classique de Horton, est aussi une reprise du "Boogie Woogie" de Tommy Dorsey, lui-même emprunté à Pinetop Smith (“Pinetop’s Boogie Woogie“, 1928); son  solo de "Walkin’ By Myself“ avec Jimmy Rogers; "La Cucaracha", autre reprise que l'on peut entendre ici:



Sa vie, son oeuvre: né le 6 avril 1917 à Horn Lake (Mississippi), Walter Horton apprend à jouer de l'harmonica en autodidacte dès l'âge de cinq ans avant de prendre des leçons avec Will Shade et Hammie Nixon. Dans les années 20, il joue avec le Memphis Jug Band tout en fréquentant assidûment le circuit des « juke joints ». En 1939, il enregistre ses premières galettes avec le guitariste Little Buddy Doyle sur les labels Okeh et Vocalion. Puis, dans les années 40, il quitte le milieu musical en raison d'une santé fragile avant d'y revenir en 1950 en enregistrant à Memphis (Tennessee) pour Sun. En 1952-1953, il s'installe définitivement à Chicago où Rice Miller, alias Sonny Boy Williamson II aurait pris nombre de leçons auprès de lui. Il y cotoie Little Walter Jacobs et devient le « sideman » pour son ami Eddie Taylor puis remplace durant un an Junior Wells dans le groupe de Muddy Waters. Il joue ensuite souvent avec Johnny Shines, Jimmy Rogers et Oris Rush. C'est à cette période qu'il gagne le sobriquet de « Shakey » (« Secoueur ») en raison de la manière dont il bouge la tête lorsqu'il joue ses trilles sur l'instrument. Les années 70 le voient jouer avec bon nombre de membres éminents de la communauté blues parmi lesquels Tampa Red, Big Mama Thornton, Robert Nighthawk et Howlin' Wolf. Il enregistre aussi sous son propre nom pour les labels Chess et Cobra. Il devient un habitué des festivals du « blues revival » avec les « Blues All Stars » de Willie Dixon. Il collabore avec des géants du « blues rock » comme Fleetwood Mac et Johnny Winter. Décédé le 8 décembre 1981 à Chicago d'une crise cardiaque, il est inhumé à Alsip (Illinois). Il est accepté au Panthéon du blues en 1982.













Ecoute conseillée: “Blues Harmonica Giant” (JSP), un ensemble de trois CD d'enregistrements précoces du maître; “Chicago/The Blues/Today”, volume 3 (Vanguard) avec Johnny Shines et Johnny Young; ”An Offer You Can’t Refuse” (Blueskvarter, volumes 1 et 3) avec Robert Nighthawk; “With Carey Bell” (Alligator); "Fine Cuts” (Blind Pig); “Can’t Keep Lovin’ You” (Blind Pig)

Visionnage conseillé: nombreuses vidéos sur YouTube, dont celle-ci enregistrée en 1970 à Copenhague (Danemark) dans le cadre de l'American Folk Blues Festival:



(Copyright 2011: Dennis Gruenling - Adaptation: Robert Koch)


Voici, par ailleurs, la discographie exhaustive de Walter Horton compilée par Joe Filisko:

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